La virtualisation est devenue un pilier incontournable de l’ingénierie des systèmes informatiques modernes. Cette technologie – qui permet d’exécuter plusieurs machines virtuelles (VM) isolées sur un même serveur physique – a transformé la façon dont entreprises et organisations gèrent leurs infrastructures. En 2025, le paysage de la virtualisation connaît d’importants bouleversements. De la consolidation du marché avec le rachat de VMware par Broadcom aux progrès rapides des solutions open source comme Proxmox, en passant par l’essor du cloud hybride, il est essentiel de faire le point sur l’état du secteur. Cet article propose une vue d’ensemble des principales technologies de virtualisation (VMware, Proxmox, Hyper‑V, KVM, Xen, etc.), les grandes tendances du moment (consolidation, open source, cloud hybride…) ainsi que les évolutions récentes. Nous verrons enfin comment les besoins diffèrent entre les grandes entreprises et les PME, à travers des cas d’usage concrets.
Grandes tendances du secteur de la virtualisation
Consolidation du marché et alternatives open source
L’industrie de la virtualisation a connu une phase de consolidation majeure ces dernières années. Le fait le plus marquant a été le rachat de VMware – leader historique du secteur – par Broadcom pour environ 61 milliards de dollars, finalisé fin 2023. Cette acquisition d’envergure a suscité de nombreuses réactions. Broadcom est connu pour sa stratégie axée sur la rentabilité, et l’intégration de VMware s’est accompagnée de changements stratégiques notables : fin des licences perpétuelles au profit d’un modèle d’abonnement, nouveaux bundles de produits, et focalisation accrue sur les offres cloud hybrides via VMware Cloud Foundation. Concrètement, Broadcom privilégie désormais des souscriptions groupant plusieurs services VMware, ce qui peut forcer les clients à payer pour des fonctionnalités qu’ils n’utilisent pas toujours. Cette politique a entraîné une hausse des coûts pour de nombreux clients, en particulier les plus petits. En effet, Broadcom a la réputation d’augmenter les tarifs après ses acquisitions, ce qui risque d’alourdir le budget informatique des entreprises modestes. Déjà, certaines PME peinent à s’adapter à la nouvelle tarification et aux changements de support induits par le rachat de VMware.
Face à ces évolutions, on observe une remise en question de la domination de VMware au profit de solutions alternatives. De nombreuses entreprises étudient des options de remplacement. Certaines se tournent vers d’autres solutions propriétaires offrant des fonctionnalités équivalentes (telles que Nutanix AHV, Citrix Hypervisor ou Microsoft Hyper‑V). D’autres, échaudées par la dépendance à un seul fournisseur et par les coûts élevés, cherchent au contraire à éviter ce modèle de verrouillage technologique et financier. C’est dans ce contexte que les solutions open source gagnent du terrain. Des plateformes comme Proxmox VE ou XCP-ng (dérivée de Xen) connaissent un engouement croissant en tant qu’alternatives gratuites ou peu onéreuses à VMware. L’attrait de l’open source tient d’abord à l’absence de licence payante : le logiciel est librement utilisable, avec des services de support optionnels bien moins coûteux que les contrats des éditeurs propriétaires. Même en incluant le coût de l’expertise technique nécessaire pour déployer et maintenir ces solutions, le bilan financier reste très avantageux – souvent deux à trois fois moins cher que l’équivalent VMware, d’après des analyses menées sur le terrain.
Au-delà du critère coût, l’open source offre d’autres bénéfices dans le contexte actuel. D’une part, il met fin au vendor lock-in : l’entreprise n’est plus dépendante du cycle produit d’un éditeur unique et peut adapter son infrastructure à ses besoins réels. D’autre part, les projets open source en virtualisation ont gagné en maturité et en parité fonctionnelle. Aujourd’hui, des solutions libres comme Proxmox VE ou XCP-ng proposent des fonctionnalités de virtualisation avancées comparables à celles de VMware, couvrant les besoins de l’immense majorité des cas d’usage professionnels. La différence se situe davantage dans l’écosystème de services gravitant autour de la virtualisation : par exemple, VMware inclut nativement des solutions de stockage (vSAN), de réseau virtualisé (NSX), d’orchestration multi-cluster, etc., là où une approche open source assemblera ces briques séparément (Ceph pour le stockage distribué, Open vSwitch ou autres pour le SDN, etc.). Pour de nombreuses organisations, ces considérations d’intégration globale pèsent moins lourd que la souplesse et les économies offertes par l’open source, surtout pour une technologie désormais considérée comme commoditisée et maîtrisée avec le temps.
Enfin, cette diversification du marché répond à une volonté plus large des entreprises d’éviter de mettre tous leurs œufs dans le même panier. En 2025, on voit se dessiner une tendance à la multi-virtualisation : certaines grandes organisations choisissent volontairement de déployer plusieurs hyperviseurs différents afin de réduire les risques de dépendance et de négocier au mieux les coûts. Les éditeurs de logiciels tiers (sauvegarde, supervision, reprise d’activité…) accompagnent d’ailleurs ce mouvement en rendant leurs outils compatibles avec un plus grand nombre d’hyperviseurs standard du marché. En somme, le paysage de la virtualisation s’oriente vers plus de diversité, porté par la double impulsion du rajeunissement technologique et de la maîtrise des coûts.
Cloud hybride et infrastructures multi-cloud
Parallèlement, l’autre grande évolution structurelle est l’essor du cloud hybride. La virtualisation traditionnelle, déployée historiquement on-premise (dans les datacenters internes), s’articule de plus en plus avec les ressources du cloud public. Toutes les grandes solutions du marché ont adapté leur stratégie en ce sens. VMware, par exemple, mise sur une approche « multi-cloud » où ses technologies peuvent s’exécuter indifféremment sur site ou chez les grands fournisseurs de cloud. La solution VMware Cloud Foundation et des offres telles que VMware Cloud on AWS ou Azure VMware Solution permettent d’exécuter des charges vSphere dans le cloud tout en les administrant avec les mêmes outils qu’en local (vCenter, vMotion, etc.), assurant une continuité opérationnelle appréciable. Microsoft poursuit une philosophie similaire avec Azure Stack HCI (infrastructure hybride combinant Hyper-V sur site et extension dans Azure), tandis que des acteurs open source proposent des systèmes de cloud privé (OpenStack, CloudStack…) pouvant fédérer des ressources multi-cloud.
L’adoption du cloud hybride répond à des besoins de flexibilité et de réversibilité. Les entreprises veulent pouvoir tirer parti de la scalabilité et des services avancés du cloud public, sans pour autant abandonner totalement leurs infrastructures locales pour des raisons de souveraineté des données, de performance ou de coût à long terme. En 2024-2025, on constate d’ailleurs un phénomène de balancier : après avoir massivement migré vers le cloud, certaines organisations rapatrient une partie de leurs charges de travail en interne, soit pour réduire des dépenses cloud jugées trop élevées, soit pour répondre à des impératifs réglementaires (localisation des données, maîtrise des risques). Le résultat, c’est une demande forte pour des solutions capables d’orchestrer des environnements hybrides complexes de manière unifiée. Les hyperviseurs et outils de virtualisation jouent ici un rôle clé en servant de couche d’abstraction commune entre le on-premise et le cloud. Ils simplifient la portabilité des applications et facilitent les scénarios comme la burst (délester temporairement des charges de travail vers le cloud en cas de pic d’activité) ou la mise en place de PCA/PRA multi-sites (Plan de Continuité ou Reprise d’Activité utilisant un site cloud en backup du site principal).
Il convient de noter que les petites et moyennes entreprises embrassent souvent le cloud plus rapidement que les grands comptes. On estime qu’en 2022 déjà, près de 69 % des workloads des PME se trouvaient sur un cloud public, contre 55 % pour les grandes entreprises. Les PME y voient un moyen d’accéder à des infrastructures fiables sans avoir à gérer la complexité d’un datacenter, ce qui peut les dispenser en partie de déployer une virtualisation lourde en interne. Pour autant, le modèle hybride concerne tout le monde : même les PME combinent souvent quelques serveurs virtualisés sur site (pour des applications spécifiques ou des données sensibles) avec des services cloud pour le reste (messagerie, CRM, etc.). Quant aux grandes organisations, elles se dirigent quasi-unanimement vers des architectures hybrides ou multi-cloud. La virtualisation s’adapte en conséquence : les hyperviseurs modernes mettent l’accent sur l’interopérabilité avec les grands clouds et sur la facilité de gestion d’environnements distribués. Par exemple, Citrix XenServer (aujourd’hui Citrix Hypervisor) a évolué pour mieux s’intégrer aux clouds AWS, Azure ou GCP, permettant aux administrateurs de migrer des charges entre leur infrastructure XenServer on-premise et le cloud public avec un minimum de friction. De même, les outils d’administration tendent vers un pilotage centralisé des ressources, qu’elles soient locales ou distantes, pour masquer la complexité du multi-cloud aux équipes d’exploitation.
Enfin, impossible d’évoquer les tendances sans parler de la convergence entre virtualisation et conteneurisation. L’essor de Docker et Kubernetes au cours de la dernière décennie a soulevé la question : les conteneurs allaient-ils remplacer les machines virtuelles ? En réalité, on observe plutôt une complémentarité. Les conteneurs excellent pour déployer des applications légères de façon agile, mais reposent souvent eux-mêmes sur des VMs (par exemple, un cluster Kubernetes fonctionne fréquemment sur des VMs dans le cloud ou sur un hyperviseur on-premise). Les éditeurs l’ont bien compris : VMware intègre désormais nativement Kubernetes dans vSphere (via Tanzu) afin que ses clients puissent orchestrer à la fois des VMs et des conteneurs sur une infrastructure unifiée. Du côté open source, Proxmox VE permet de gérer non seulement des VMs KVM mais aussi des conteneurs LXC au sein de la même plateforme. On se dirige donc vers des plateformes capables de prendre en charge des workloads hybrides (VMs classiques, conteneurs, fonctions serverless, etc.), reflétant la diversité des besoins modernes. La virtualisation en 2025 n’est plus cantonnée à « faire tourner des serveurs virtuels » : elle devient l’épine dorsale flexible sur laquelle viennent se greffer des couches de services cloud, de l’automatisation (avec une dose d’IA naissante pour optimiser les opérations), et des environnements de développement plus agiles.
Tour d’horizon des principales technologies de virtualisation
Le marché propose de multiples hyperviseurs et plateformes de virtualisation, chacune avec ses caractéristiques. Voici un panorama des solutions les plus répandues en 2025, des plus propriétaires aux plus open source :
- VMware vSphere/ESXi : VMware est le pionnier et leader historique de la virtualisation x86 en entreprise. Sa plateforme vSphere (hyperviseur ESXi + console vCenter) offre une panoplie complète de fonctionnalités avancées (haute disponibilité, vMotion pour la migration à chaud des VMs, répartition de charge automatique DRS, snapshots, etc.) et une grande stabilité. Longtemps incontournable dans les grands datacenters, VMware alimente encore aujourd’hui une part énorme des applications critiques (on estime que deux tiers des applications d’entreprise tournent toujours sur des machines virtuelles). Depuis son rachat par Broadcom, VMware oriente sa stratégie vers les abonnements et les solutions hybrides multi-cloud, tout en continuant d’améliorer sa pile technique (par exemple, la version 8 de vSphere apporte la gestion des SmartNIC/DPUs pour accélérer le traitement réseau et stockage directement sur des cartes dédiées). VMware reste le choix numéro 1 pour les grandes entreprises recherchant performance, outillage intégré et support professionnel étendu – même si son coût élevé et les incertitudes liées à Broadcom poussent certains à évaluer d’autres options.
- Microsoft Hyper‑V : L’hyperviseur de Microsoft, inclus nativement dans Windows Server, s’est imposé surtout dans les environnements Microsoft. Hyper‑V est un hyperviseur de type 1 (s’exécutant directement sur le matériel via Windows Server Core ou Hyper‑V Server) offrant également des fonctions essentielles de haute disponibilité et de migration à chaud (via la fonctionnalité Live Migration dans les clusters Microsoft). Son avantage principal est son intégration transparente dans l’écosystème Windows : les entreprises disposant de nombreuses licences Windows ou d’une expertise orientée Microsoft peuvent activer Hyper‑V sans coût additionnel. Hyper‑V alimente aussi la couche de virtualisation du cloud Azure et bénéficie ainsi des avancées développées par Microsoft pour ses propres datacenters. En 2025, Hyper‑V continue d’évoluer (support de la virtualisation imbriquée, améliorations de performances avec les nouveaux CPU, etc.), mais reste surtout plébiscité par les organisations de taille moyenne ou les PME déjà équipées Windows, ainsi que pour des usages spécifiques (bureaux virtuels Windows, laboratoires de test sous Microsoft).
- KVM (Kernel-based Virtual Machine) : KVM est la technologie de virtualisation intégrée au noyau Linux depuis plus d’une décennie. Il s’agit d’un hyperviseur de type 1 (s’exécutant au niveau du kernel) qui transforme n’importe quel serveur Linux en hôte de virtualisation performant. KVM sert de base à de nombreuses solutions, des clouds publics (comme OpenStack chez des fournisseurs comme OVHcloud) aux offres d’éditeurs (Red Hat Enterprise Virtualization dans le passé, aujourd’hui OpenShift Virtualization pour faire tourner des VMs aux côtés de conteneurs Kubernetes, etc.). Open source, KVM bénéficie des contributions d’une vaste communauté incluant Red Hat, Intel, IBM et autres. Sa robustesse n’est plus à prouver : il supporte la quasi-totalité des systèmes d’exploitation invités (Windows, Linux, BSD, etc.), gère l’allocation fine des ressources et profite des optimisations constantes du noyau Linux. KVM est souvent utilisé conjointement avec QEMU (qui émule le matériel de la VM) et des outils comme libvirt pour la gestion. En 2025, KVM continue de gagner du terrain y compris en entreprise, car il est au cœur de nombreuses solutions innovantes (cloud open source, virtualisation au sein de containers, etc.) et ne souffre d’aucun coût de licence. Sa compatibilité matérielle est généralement excellente grâce à Linux, et il intègre rapidement les nouvelles fonctions CPU (Intel VT-x/VT-d, AMD-V, chiffrement de mémoire SEV, etc.).
- Xen / Citrix Hypervisor : Xen est un autre hyperviseur open source de type 1, historiquement développé à l’Université de Cambridge puis popularisé par XenSource et Citrix. Il a longtemps été le principal concurrent de VMware dans les années 2000, adoptant une architecture paravirtuelle innovante. Aujourd’hui, Xen subsiste principalement à travers Citrix Hypervisor (nouveau nom de XenServer), utilisé notamment pour la virtualisation de postes de travail (VDI) et certaines charges serveurs, ainsi que via des implémentations cloud (AWS a bâti son hyperviseur d’origine sur Xen, avant d’évoluer vers une solution maison basée en partie sur KVM). Xen est reconnu pour ses bonnes performances, sa scalabilité et sa flexibilité, et dispose de fonctionnalités comme le GPU passthrough (utilisé pour accélérer les workloads graphiques ou d’IA). Citrix a orienté Xen vers l’intégration multi-cloud et l’administration unifiée, en proposant des outils pour gérer des environnements hybrides depuis une console centralisée. Néanmoins, en dehors de l’écosystème Citrix (surtout présent dans les grandes entreprises pour la virtualisation d’applications et de postes), Xen est moins visible que par le passé. Une version open source communautaire, XCP-ng, maintient vivace l’héritage XenServer en l’offrant gratuitement avec une console de gestion (Xen Orchestra) – une alternative également appréciée par certains, notamment en Europe, pour éviter les coûts des solutions commerciales.
- Proxmox VE : Proxmox Virtual Environment est une solution libre qui a le vent en poupe, en particulier dans les PME, les collectivités et la communauté des home labs (enthousiastes auto-hébergés). Il s’agit d’une plateforme complète de gestion de virtualisation basée sur Debian Linux, combinant KVM pour les machines virtuelles et LXC pour les conteneurs légers, le tout administrable via une interface web intuitive. Proxmox se distingue par sa gratuité (le logiciel est open source, avec un support payant optionnel) et sa simplicité de mise en œuvre : en quelques minutes, on peut avoir un hôte prêt à créer des VM ou des conteneurs, avec une prise en charge intégrée de fonctionnalités avancées comme la haute disponibilité (mode cluster), la sauvegarde centralisée (via Proxmox Backup Server), la gestion du stockage (ZFS, Ceph intégré pour du stockage distribué), le snapshot, la réplication, etc. En 2025, Proxmox a atteint une maturité qui lui permet de rivaliser avec les offres commerciales sur de nombreux points. Il supporte une très large gamme de matériels sans exigence particulière (un simple serveur x86_64 avec support de la virtualisation matériel VT-x/AMD-V suffit), ce qui lui confère une compatibilité matérielle étendue appréciée par ceux qui veulent recycler des serveurs existants. Les dernières versions de Proxmox VE ont apporté des améliorations notables, comme l’intégration renforcée du SDN (Software Defined Network) avec le pare-feu pour une gestion réseau virtualisée plus fine, une interface de tagging pour mieux organiser les ressources en grands environnements, la prise en charge facilitée de l’import/export de VM au format standard OVA/OVF (pratique pour migrer depuis VMware ou autre), ainsi que le support des nouvelles technologies matérielles. Par exemple, Proxmox VE 8.4 (sorti en 2025) permet désormais la live migration de VM équipées de GPU virtuels NVIDIA – une fonctionnalité jusqu’ici réservée aux hyperviseurs haut de gamme – grâce au support des devices « mediated » et à la collaboration avec NVIDIA. Cette même version tourne sur un noyau Linux 6.8 ou 6.14 en option, assurant de meilleures performances et la compatibilité avec les tout derniers processeurs et périphériques. En somme, Proxmox s’impose comme l’alternative open source grand public par excellence, offrant à moindre coût ce qu’il faut pour bâtir son nuage privé.
(Parmi les autres solutions notables, citons également Oracle VM VirtualBox – plutôt utilisé pour la virtualisation de poste (type 2) et le test en local – ou encore des plateformes plus spécialisées comme IBM PowerVM pour les systèmes IBM Power, sans oublier les offres de virtualisation de containers comme Docker/LXC qui ne font pas l’objet ici d’un développement complet.)
Évolutions récentes et innovations marquantes
Au-delà des tendances de fond, plusieurs évolutions récentes ont marqué l’actualité de la virtualisation et méritent d’être soulignées, car elles dessinent l’avenir technique du domaine.
VMware sous l’ère Broadcom : de nouvelles orientations
Depuis son intégration au sein de Broadcom, VMware a opéré des changements stratégiques qui se sont accélérés sur 2024 et début 2025. Fini les licences perpétuelles vendues une bonne fois pour toutes : VMware a confirmé l’abandon de ce modèle au profit d’une offre 100 % abonnement. Pour les clients existants, cela signifie qu’au moment des renouvellements de support, une transition vers des souscriptions sera nécessaire, sous peine de ne plus bénéficier des mises à jour. Cette transition s’inscrit dans une tendance générale du logiciel, mais chez VMware elle s’accompagne d’une augmentation tarifaire sensible sur certaines gammes. Broadcom a en effet la réputation de maximiser la rentabilité de ses acquisitions, et de premières hausses de prix ont été constatées ou annoncées, dans des proportions parfois importantes (certaines sources évoquent des ordres de grandeur de +50 % à +200 % sur certains contrats après rachat). Pour les entreprises utilisatrices, notamment les plus petites, la pilule est difficile à avaler et oblige à réévaluer le ROI de VMware par rapport à des alternatives.
En parallèle, VMware – propulsé par les investissements de Broadcom – met l’accent sur le cloud et les solutions packagées clés en main. L’effort de développement se concentre sur VMware Cloud Foundation, qui regroupe hyperviseur, stockage, réseau et Kubernetes en une plateforme intégrée pour bâtir des clouds hybrides. VMware cherche à faciliter la continuité entre on-premise et cloud public : par exemple, de nouvelles capacités de disaster recovery multi-cloud ont été introduites pour permettre la réplication et la reprise d’activité d’un environnement vSphere on-premise vers un cloud VMware sur AWS ou Azure. Ces avancées s’adressent aux grandes entreprises engagées dans des stratégies multi-cloud complexes.
D’un point de vue technique, les versions récentes de vSphere intègrent également des innovations notables. La prise en charge des DPUs (Data Processing Units) – des cartes programmables type SmartNIC pour décharger l’hyperviseur de certaines tâches réseau/sécurité – est désormais effective dans vSphere 8. Cela permet par exemple d’isoler les tâches de chiffrement, de filtrage ou de stockage sur du matériel dédié, améliorant les performances et la sécurité. VMware a aussi renforcé ses offres autour de Kubernetes (la suite Tanzu) pour capturer l’essor des conteneurs, et continue d’enrichir vSAN (stockage hyperconvergé) et NSX (réseau virtualisé) qui font partie de son écosystème. Cependant, une interrogation plane sur l’avenir de certains produits historiques de VMware : Broadcom pourrait réduire la voilure sur les outils moins rentables ou moins stratégiques, ce qui inquiète certains utilisateurs quant à la pérennité de solutions annexes (ex : vSphere Client en version gratuite, certains outils open source de VMware comme Open vSwitch ou des projets issus de la communauté VMware). Pour l’instant, rien d’officiel n’indique un abandon, mais la communauté IT reste attentive à l’évolution de la feuille de route VMware au-delà de 2025.
Innovations Open Source : Proxmox et KVM à la pointe
Du côté des solutions open source, l’actualité récente est riche également. Proxmox VE, en particulier, poursuit son cycle de mises à jour rapides qui apportent à chaque fois leur lot de nouvelles fonctionnalités dignes des grands éditeurs. En fin 2024, la version 8.3 a introduit une meilleure intégration du SDN, la gestion par étiquettes (tags) des ressources, le support natif de l’import/export de machines virtuelles d’autres plateformes, et la compatibilité avec les dernières versions de Ceph pour le stockage distribué. Signe de la montée en puissance de ces solutions libres, Proxmox a annoncé en avril 2025 une fonctionnalité que peu d’hyperviseurs proposent : la migration à chaud de VM possédant des périphériques physiques alloués, en l’occurrence des vGPU NVIDIA. Jusqu’ici, migrer une VM à laquelle un GPU était attaché (pour de l’accélération graphique) impliquait l’arrêt de la VM ou l’utilisation de solutions propriétaires onéreuses. Proxmox VE 8.4, en tirant parti de la fonction de mediated device du noyau Linux et des derniers pilotes NVIDIA, permet désormais de déplacer une telle VM d’un hôte à l’autre sans interruption – à condition bien sûr de disposer de GPU compatibles côté matériel. Cette avancée ouvre des perspectives pour les utilisateurs qui exécutent des workloads d’IA ou de CAO virtualisés et qui recherchent flexibilité et haute disponibilité.
En parallèle, la communauté KVM dans son ensemble ne cesse d’améliorer l’écosystème. Les nouvelles versions de QEMU (composant d’émulation pour KVM) optimisent les performances I/O et ajoutent du support matériel (par exemple, la virtualisation des fonctionnalités récentes des CPU Intel/AMD, ou le support des TPM virtuels pour les besoins de sécurité des systèmes invités). Des efforts sont faits pour faciliter l’administration de KVM à grande échelle : on voit émerger des outils comme oVirt (projet soutenu par Red Hat, base de l’ancienne solution Red Hat Virtualization) ou des intégrations de KVM dans Kubernetes via des opérateurs (ex : KubeVirt) pour homogénéiser la gestion des VM et des conteneurs. Red Hat, de son côté, mise sur une approche cloud-native avec OpenShift : l’idée est que les entreprises puissent faire tourner leurs applications traditionnelles en VM et leurs nouvelles applications en conteneurs sur un socle commun. Dans cette vision, la distinction entre « virtualisation » et « cloud » tend à s’estomper, l’important étant de fournir une plateforme unifiée couvrant les besoins legacy et modernes.
Compatibilité matérielle et performance : le facteur hardware
Un aspect souvent moins visible, mais crucial, de l’évolution de la virtualisation concerne la compatibilité matérielle et les optimisations de performance liées aux nouveaux composants. Chaque génération de processeurs apporte son lot d’instructions et de fonctionnalités conçues pour améliorer la virtualisation. Par exemple, les CPU récents d’Intel et AMD intègrent des améliorations pour accélérer la commutation de contexte des VMs, pour gérer plus efficacement la mémoire virtuelle (technologies EPT, NPT, iommu, etc.), ou encore pour isoler davantage les VMs en matière de sécurité (Intel VT-d pour l’isolation des périphériques, AMD SEV et Intel TDX pour chiffrer la mémoire des VMs, protégeant ainsi les données même en cas d’accès au matériel hôte). Les hyperviseurs doivent rapidement tirer parti de ces avancées : VMware l’a fait en supportant SEV pour exécuter des VM chiffrées de bout en bout, et KVM a intégré ces capacités grâce aux contributions d’AMD/Intel. De même, l’essor des accélérateurs matériels (GPU, FPGA, ASIC comme les cartes IA ou de crypto) a obligé les hyperviseurs à s’adapter pour offrir du pass-through (attribution directe d’un périphérique physique à une VM) ou du partage de ces ressources (vGPU NVIDIA, partitionnement de GPU via SR-IOV, etc.). Aujourd’hui, une infrastructure virtualisée peut quasiment tout héberger, y compris des workloads très exigeants en calcul, en profitant du matériel spécialisé.
Ces innovations ont cependant un corollaire : les anciennes machines deviennent parfois incompatibles avec les hyperviseurs de dernière génération. Par exemple, VMware vSphere 8 a relevé ses exigences minimales en matière de CPU (n’autorisant que les processeurs 64 bits avec certaines instructions modernes, là où vSphere 6.x supportait encore de très vieux modèles). De même, Proxmox VE 8, basé sur Debian 12, ne prend plus en charge certains pilotes matériels obsolètes ou architectures 32 bits. Les responsables d’infrastructures doivent donc veiller à synchroniser l’évolution logicielle avec le renouvellement du parc matériel. La bonne nouvelle est que les hyperviseurs open source, grâce à la flexibilité du kernel Linux, affichent souvent une tolérance plus large vis-à-vis du matériel ancien ou exotique que les solutions propriétaires soumises à une HCL (Hardware Compatibility List) stricte. Proxmox, par exemple, fonctionne sur tout système compatible Debian et bénéficie de la vaste prise en charge de pilotes du noyau Linux, ce qui lui confère une compatibilité matérielle très large, y compris avec des configurations non certifiées officiellement. Cette souplesse est un avantage pour tirer parti de serveurs existants ou pour des labos à budget contraint.
Notons également l’arrivée progressive de l’architecture ARM dans le domaine de la virtualisation serveur. Si la majorité des hyperviseurs cités sont encore principalement déployés sur processeurs x86_64, on voit émerger des offres ARM (par exemple, VMware développe ESXi pour ARM en version Fling pour l’edge computing, et KVM tourne nativement sur ARM, ce qui a permis l’essor de clouds ARM tels que ceux basés sur les CPU Ampere). Ce mouvement pourrait s’amplifier d’ici quelques années, surtout si les entreprises cherchent des alternatives plus économes en énergie ou adaptées à l’edge. En attendant, l’ingénierie système en 2025 doit composer avec un environnement hétérogène fait de serveurs aux capacités variées, sur lequel la couche de virtualisation doit offrir le meilleur compromis entre performance et portabilité.
Grandes entreprises vs PME : des approches contrastées
Les besoins et les stratégies en matière de virtualisation diffèrent sensiblement selon la taille et la nature des organisations. Grandes entreprises et PME n’ont ni les mêmes contraintes, ni les mêmes ressources, et cela se reflète dans leurs choix technologiques et leur utilisation des hyperviseurs.
Pour les grandes entreprises, la virtualisation est souvent au cœur de l’infrastructure IT. Ces organisations disposent généralement de vastes parcs de serveurs et de milliers de machines virtuelles en production, supportant des applications critiques (bases de données, ERP, applications web à forte charge, etc.). Leurs priorités incluent la fiabilité, la scalabilité et la sécurité. C’est pourquoi elles s’orientent volontiers vers des solutions éprouvées et riches en fonctionnalités telles que VMware vSphere. Avec VMware, elles bénéficient d’un écosystème complet (gestion centralisée via vCenter, automatisation avec vRealize/Aria, sauvegarde intégrée, tolérance aux pannes, etc.) et d’un support éditeur 24/7, ce qui est essentiel pour des services qui doivent tourner en continu. De plus, les grands comptes apprécient la capacité de VMware à s’intégrer dans des architectures complexes – par exemple, interconnecter plusieurs sites en réplication synchronisée, ou interfacer la couche de virtualisation avec des solutions de stockage externes haut de gamme (baies SAN fibre, etc.). Ce niveau de sophistication a un coût, mais les grandes entreprises sont prêtes à investir pour obtenir une qualité de service garantie.
Cela ne signifie pas pour autant qu’elles excluent les solutions open source. En réalité, on observe même un intérêt grandissant des grands acteurs pour diversifier leurs hyperviseurs (comme mentionné plus haut, pour réduire les coûts et éviter le lock-in). Certaines entreprises, y compris des références de premier plan, ont réussi des migrations de VMware vers Proxmox ou KVM en production. Par exemple, le DSI d’Econocom (grande ESN européenne) a témoigné avoir basculé son infrastructure interne sur Proxmox, tout comme des sociétés innovantes (Weka, ou encore des fintech/assurtech, etc.). Souvent, ces migrations s’accompagnent d’un partenariat avec des intégrateurs spécialisés capables d’ajouter les services manquants (sauvegarde avancée, supervision unifiée) pour atteindre un niveau équivalent à l’offre commerciale. Le facteur déclenchant est fréquemment économique (réduire une facture VMware jugée trop lourde, surtout après les hausses Broadcom) ou stratégique (ne pas dépendre d’un fournisseur unique pour un pan aussi critique de l’infrastructure). En tout état de cause, les grandes organisations ont les moyens d’expérimenter, de tester en profondeur les alternatives, et de former leurs équipes ou d’en recruter de nouvelles maîtrisant ces technologies open source. Leur taille leur permet aussi d’envisager des scénarios hybrides mêlant plusieurs solutions : par exemple, conserver VMware pour certaines applications legacy tout en déployant un cloud privé OpenStack/KVM pour de nouvelles applications, ou utiliser Hyper‑V dans un segment Windows spécifique (comme la virtualisation de postes de travail Windows 10/11 pour les développeurs, via Hyper‑V ou Azure Virtual Desktop). L’approche « best of breed » prévaut, avec comme objectif de tirer parti de chaque solution au meilleur endroit, tout en centralisant autant que possible la gestion pour éviter la dispersion des compétences.
Du côté des PME, les enjeux sont différents. Une PME dispose rarement d’une équipe IT pléthorique : l’administrateur système est souvent seul ou en petite équipe, et doit « tout faire » (serveurs, réseau, support utilisateurs, etc.). Dans ce contexte, la virtualisation est perçue avant tout comme un moyen de rationaliser l’infrastructure et de faire plus avec moins. En consolidant plusieurs serveurs physiques en un seul hôte exécutant plusieurs VMs, la PME réduit ses coûts matériels et sa consommation électrique, tout en simplifiant la sauvegarde (une VM étant encapsulée dans quelques fichiers, facile à copier). Le besoin typique d’une PME peut être de faire tourner, sur un ou deux serveurs, l’ensemble de ses services internes : par exemple un contrôleur de domaine Active Directory, un serveur de fichiers, une base de données pour l’ERP, un serveur web pour le site vitrine, etc. La virtualisation permet d’isoler chacun de ces rôles dans une VM dédiée, améliorant la fiabilité (un crash d’OS n’affecte pas les autres services), la flexibilité (démarrer/arrêter/ressources allouées par VM), et la continuité d’activité (si un serveur physique tombe en panne, les VMs peuvent être restaurées sur un autre matériel). Pour atteindre ces objectifs, les PME privilégient des solutions simples à déployer et à administrer, avec un coût minimal.
C’est là que des plateformes comme Proxmox VE se révèlent particulièrement attractives pour les petites structures. Gratuit, Proxmox offre via son interface web un pilotage unifié de toutes les machines virtuelles et conteneurs, sans nécessiter de compétences Linux avancées. Les retours d’expérience de PME ayant adopté Proxmox sont souvent très positifs : elles y gagnent en autonomie (plus de licence à renouveler chaque année) et en sérénité, tout en bénéficiant d’une communauté d’utilisateurs active en cas de besoin d’aide. D’autres PME, notamment lorsqu’elles disposent déjà de serveurs Windows, optent pour Hyper‑V, qui est inclus dans Windows Server et ne requiert donc pas d’installer une nouvelle solution. Hyper‑V, couplé aux outils Microsoft (System Center Virtual Machine Manager, etc.), peut être une option logique pour une petite entreprise fortement orientée Microsoft, par exemple un cabinet comptable qui a déjà un serveur Windows pour son applicatif métier : il peut virtualiser ce serveur sur Hyper‑V et ajouter d’autres VMs (un serveur de messagerie Exchange, etc.) sur la même machine, le tout gérable dans un environnement familier.
Le coût reste un facteur décisif pour les PME. L’évolution de VMware a d’ailleurs été accueillie fraîchement dans ce segment : la plupart des petites entreprises qui utilisaient VMware (souvent via l’hyperviseur ESXi gratuit ou des bundles Essentials) craignent que la nouvelle ère Broadcom rende la solution hors de portée de leur budget, avec la fin des licences permanentes et la hausse des prix des abonnements. VMware a bien lancé en 2024 une formule d’abonnement prétendument adaptée aux SMB, mais beaucoup jugent qu’elle reste trop onéreuse pour la valeur apportée. En conséquence, nombre de ces organisations envisagent sérieusement une sortie de VMware au profit de plateformes plus abordables. Les alternatives open source (Proxmox, XCP-ng) ou autres (Hyper‑V dont le coût est déjà inclus dans Windows) ont clairement le vent en poupe dans le monde PME, d’autant plus qu’elles répondent aux cas d’usage courants sans superflu. Par exemple, Proxmox permet facilement de mettre en place une réplication de VM entre deux hôtes pour de la haute disponibilité basique – un besoin fréquent (ne pas tout mettre sur un seul serveur physique) – sans achat de licence additionnelle. De même, la gestion du backup est un enjeu crucial pour ces petites structures : là encore des outils libres comme Proxmox Backup Server ou Veeam Community Edition offrent des solutions à moindre frais pour sauvegarder régulièrement les VMs et les restaurer en cas d’incident, là où les suites propriétaires complètes seraient hors budget.
Illustrons par deux cas d’usage concrets opposés :
- Cas d’une grande entreprise : Une banque internationale dispose de plusieurs centres de données interconnectés. Elle fait tourner des milliers de VMs pour ses applications internes (serveurs de bases de données, middleware financiers, outils analytiques…) sur des clusters VMware vSphere répartis entre ses sites de Paris, New York et Singapour. Pour garantir une résilience maximale, chaque site a un site de secours en miroir grâce à la réplication synchronisée de vSAN et à l’orchestrateur de PRA VMware Site Recovery Manager. L’entreprise utilise vSphere depuis plus de 10 ans et a automatisé une grande partie de son administration (déploiement automatique de nouvelles VMs via des scripts PowerCLI, monitoring et équilibrage de charge via DRS, etc.). Avec l’essor du cloud, elle commence à déployer certaines charges non bancaires sur AWS, mais grâce à VMware Cloud on AWS, elle peut étendre son infrastructure VMware existante vers le cloud tout en la gérant via sa console vCenter unique. Ainsi, lors des pics de fin d’année, elle peut déployer en quelques minutes des VMs supplémentaires dans le cloud puis les éteindre après usage, le tout sans modifier ses applications métier héritées. Ce cas illustre l’approche d’une grande entreprise : s’appuyer sur la robustesse de VMware pour le core banking et tirer parti du cloud en complément, avec une exigence de continuité et d’intégration forte.
- Cas d’une PME : Une PME industrielle d’environ 80 salariés dispose d’un service informatique restreint (un DSI et un administrateur). Elle a historiquement 5 serveurs physiques pour différents usages (contrôleur de domaine/AD, serveur de fichiers, serveur d’application métier, serveur de messagerie, serveur de supervision). En 2025, pour simplifier son infrastructure et réduire ses coûts de maintenance, elle décide de virtualiser l’ensemble sur deux machines hôtes en cluster Proxmox. Chaque hôte accueille la moitié des VMs, et en cas de panne de l’un, les VMs peuvent redémarrer sur l’autre hôte via la fonctionnalité de basculement. Grâce à Proxmox, le DSI a pu migrer les anciens serveurs (par P2V – Physical to Virtual) sans investir dans des licences logicielles onéreuses. La PME utilise un stockage partagé sous forme de NAS pour que les VMs restent accessibles depuis l’un ou l’autre hôte. Pour les sauvegardes, elle a programmé le Proxmox Backup Server (gratuit) afin d’exporter chaque nuit les images de VM vers un espace de stockage externalisé. Cette infrastructure lui garantit une meilleure disponibilité (si un serveur physique casse, les services repartent sur le second en moins d’une heure), une administration facilitée (tout est géré via l’interface web Proxmox, y compris la création de nouvelles VMs pour tester une mise à jour applicative, ce qui avant nécessitait de mobiliser un serveur de test dédié), et des économies d’énergie substantielles (deux serveurs récents optimisés remplaçant cinq anciens moins efficients). Dans ce scénario, la PME a pu s’approprier la virtualisation sans complexité excessive et en limitant les coûts à l’achat de deux serveurs et de quelques disques de stockage – aucun frais de licence de virtualisation, ni d’appel à un prestataire externe, n’a été nécessaire.
En synthèse, les grands comptes exploitent la virtualisation pour orchestrer des infrastructures massives, souvent hybrides, avec un haut niveau de service, tandis que les PME l’adoptent de manière plus pragmatique pour consolider et fiabiliser leur petit parc informatique. Les unes comme les autres bénéficient des progrès constants du secteur, mais n’en retiennent pas toujours les mêmes outils. L’important est que chaque organisation puisse trouver la solution alignée sur ses besoins : le choix d’un hyperviseur ou d’une plateforme de virtualisation doit se faire en pesant fonctionnalités, coûts, support et compétences disponibles.
Conclusion : perspective d’avenir de la virtualisation
L’état de l’ingénierie système en 2025 montre que la virtualisation demeure un pilier essentiel de l’informatique d’entreprise, tout en se réinventant pour répondre aux nouveaux défis. Le secteur traverse une phase de mutation : consolidation du marché autour d’acteurs majeurs cherchant à verrouiller leurs écosystèmes, mais simultanément essor des alternatives open source apportant flexibilité et économies. Parallèlement, la virtualisation s’imbrique désormais intimement avec le cloud et la containerisation, symbolisant la convergence des infrastructures traditionnelles et des architectures cloud-native.
Pour les décideurs IT, il est crucial de rester informés de ces évolutions. Naviguer dans cette nouvelle ère implique d’évaluer régulièrement l’adéquation des solutions en place par rapport aux besoins de l’organisation. Faut-il continuer avec un hyperviseur propriétaire éprouvé mais coûteux, ou basculer sur une solution ouverte plus agile ? Comment tirer parti du cloud sans sacrifier les investissements on-premise existants ? Ces questions n’ont pas de réponse universelle, mais les tendances actuelles donnent quelques indications. La diversification des technologies (pour éviter la dépendance et optimiser les coûts) est une stratégie de plus en plus adoptée. L’ouverture et l’interopérabilité sont également devenues des critères majeurs : une solution de virtualisation qui s’intègre aisément avec d’autres (clouds publics, outils d’orchestration, solutions de sécurité) apporte une valeur ajoutée certaine dans un monde multi-environnements.
Techniquement, l’innovation se poursuit. On peut s’attendre dans les prochaines années à voir la virtualisation embrasser de nouveaux territoires : le edge computing (avec des hyperviseurs allégés tournant sur de petits équipements en bord de réseau), la généralisation de la virtualisation sécurisée (VM chiffrées et isolées matériellement pour des applications sensibles ou l’hébergement multi-locataire), sans oublier l’impact de l’IA qui promet d’optimiser la gestion des infrastructures (diagnostic prédictif des pannes, allocation dynamique des ressources pilotée par des algorithmes intelligents, etc.). La virtualisation a démontré depuis 20 ans sa capacité d’adaptation – des serveurs physiques aux clouds, des machines aux conteneurs – et il y a fort à parier qu’elle restera un moteur de l’innovation dans l’ingénierie système.
En conclusion, l’année 2025 dresse le portrait d’un monde de la virtualisation mature mais en ébullition. Les grandes manœuvres stratégiques (comme l’intégration de VMware dans Broadcom) redessinent les rapports de force, tandis que les avancées techniques (progrès de Proxmox, Hyper-V, KVM, Xen…) élargissent le champ des possibles. Grandes entreprises et PME trouveront chacune leur voie dans cet écosystème riche, en fonction de leurs moyens et objectifs, mais toutes profiteront in fine d’une offre plus diverse et plus innovante. Dans un univers IT où le changement est la seule constante, la virtualisation continue d’offrir une base solide et flexible sur laquelle bâtir les systèmes d’information de demain, qu’ils soient dans la pièce voisine ou dispersés aux quatre coins du cloud.
Sources







New SMB-friendly subscription tier may be too late to stop VMware migrations
by u/Mac_to_the_future in sysadmin